Un mot d’ordre fait florès depuis le 25 juillet : l’espoir est maintenant permis. Dans la capitale mais aussi dans la Tunisie profonde, nombreux sont les Tunisiens qui pensent, aujourd’hui, qu’une autre Tunisie est possible. Une Tunisie sans gouvernants qui s’amusent à redoubler de zèle destructeur. Une Tunisie sans ces dirigeants qui ont coché toutes les cases d’un État failli.
Une Tunisie où l’on n’entendra plus des mots comme : insolvabilité, effondrement du système sanitaire, hospitalier et éducatif.
À la fleur de l’âge, au soir de la vie, ces mêmes Tunisiens cultivent aujourd’hui l’espoir de vivre désormais dans une autre Tunisie. Une Tunisie où l’on ne manquera plus de médicaments et d’autres produits subventionnés. Une Tunisie où la bêtise ne servira plus de paravent au crime concerté. Une Tunisie où l’on ne verra plus l’État se démener sur plus d’un front.
Lassés de ceux qui n’hésitent pas à jouer les vierges effarouchées, au besoin, ces mêmes Tunisiens laissent entendre que le temps ça bifurque, fluctue, remonte…
Ces Tunisiens qui ne s’égosillent pas devant les caméras savent à quel point les préoccupations de certains compatriotes paraîtraient dérisoires, vues de loin. L’asservissement des autres, le saccage des biens d’autrui et l’abus de pouvoir à des fins aussi égoïstes qu’éphémères, tout cela n’est guère plus qu’un tintamarre dans les salons du désert, penseraient-ils.
Ces Tunisiens qui ne parlent pas pour ne rien dire réalisent que notre vaste monde face auquel nous ne sommes déjà pas grand-chose n’est lui-même qu’une poussière qui erre dans l’immense cathédrale de l’espace.
Ils se contentent aujourd’hui d’observer le marécage agité, d’où sont chassés des hommes qui ont échoué à déjouer ou à amortir les pièges que l’histoire leur a tendus.
